Julie Berthollet, en toute intimité

12 avril 2020 · Modifié · Julie Vasa

Vous les connaissez toutes les deux, sœurs franco-suisses, jeunes prodiges de la musique classique : Julie et Camille Berthollet !

Ces surdouées de la musique classique, maintes fois récompensées, charment leur public à travers le monde grâce à des interprétations enlevées et un talent certain pour bousculer les codes. Elles viennent tout juste de publier leur cinquième album, « Nos 4 saisons ». Si la tournée destinée à présenter ce nouvel opus est reportée, elles se révèlent, aujourd’hui encore, inventives et généreuses. Julie, confinée à Vevey chez son compagnon, l’écrivain Quentin Mouron, se montre très présente sur les réseaux sociaux : mini-concerts, chats avec son public, partage de recettes… Une jeune femme résolument optimiste et inspirante.

ELLE Suisse. Comment vivez-vous cette période de confinement ?

Julie Berthollet. L’annonce du confinement m’a d’abord fait paniquer car j’étais en Suisse alors que toute ma famille est à des endroits différents. J’ai choisi de rester chez mon copain à Vevey. Étant de nature assez angoissée, j’ai très vite décidé de faire de ce confinement la meilleure chose possible pour moi : un moment de création et de partage avec le public. J’ai imprimé du papier à musique, trouvé un crayon de papier et me suis remise à la composition. À l’écriture aussi. J’ai commencé une pièce encore secrète et en chantier, mais elle sera une collaboration avec d’autres artistes.

Avez-vous le sentiment de communiquer davantage avec votre public pendant ce confinement ?

Sans hésitation : oui ! Je réponds à des messages tout le temps, je poste des stories toute la journée et je partage beaucoup plus qu’avant. J’ai plus de temps, c’est l’avantage ! J’espère conserver cela après.

Je suis certaine que votre public aussi ! Comment avez-vous pensé à faire des live réguliers sur les réseaux sociaux, en particulier sur votre compte Instagram ? 

J’en faisais déjà avant le confinement mais ça n’était pas une habitude. Maintenant, la scène me manque, les autres musiciens aussi et j’avais envie d’apporter un peu de musique chez ceux qui sont confinés. L’expérience est ultra différente de la scène et me plait. J’interagis beaucoup plus avec les gens qui commentent en direct, ou je les fais même participer à certains live. Je n’ai personne pour m’accompagner. Il me faut donc trouver d’autres solutions : je joue sur d’anciens enregistrements, on s’envoie des sons entres musiciens et on mixe à notre sauce sur nos petits ordinateurs ou ce qu’on a sous la main comme matériel. J’ai remarqué que les musiciens s’entraidaient énormément. J’ai demandé pas mal de conseils à des ingénieurs son pour utiliser des logiciels de montage ou mixage avec lesquels je ne suis pas du tout familière et j’ai reçu une grande quantité de conseils très utiles. 

Quel rythme avez-vous adopté pour vos interprétations en direct ?

Je ne me suis pas imposée de régularité à respecter, j’en fais le plus possible, dès que j’ai quelque chose de nouveau à jouer ou à dire. J’apprécie la liberté de l’outil qu’est Instagram. J’essaie surtout de varier le contenu que je partage : composition, mon quotidien, des vidéos, des recettes, des petits tutos, des poèmes… la diversité me plait et me motive. J’essaie au maximum de proposer le contenu que j’aimerais voir.

Quels sont les morceaux que vous avez interprétés ou que vous projetez de jouer ?

J’ai interprété des classiques comme Schubert, ou Vivaldi, mais aussi du jazz (Django), mes chansons, des reprises… Je vais peut-être tenter une session d’improvisation en live prochainement.

Allez-vous essayer de jouer en même temps que Camille comme le font pas mal d’orchestres dans différents pays ?

On passe nos journées à tester toutes les applications que l’on peut trouver pour jouer ensemble, et tout n’est pas concluant, mais cela pousse à être créatif !

Avez-vous prévu des live avec des chanteurs ?

Les projets que j’ai actuellement avec des chanteurs ne sont pas exactement des live, mais pourquoi pas ? Je ne m’impose aucune limite artistique pendant ce confinement. Et cela fait du bien ! J’avais parfois l’impression de passer beaucoup trop de temps à faire des choses administratives ou organisationnelles auparavant, et perdre trop de temps que j’aurais aimé passer à composer ou travailler mon instrument. J’ai toujours une quantité astronomique de mails auxquels je dois répondre ces jours-ci mais c’est différent, et je ne sais pas trop pourquoi, plus simple à gérer. J’ai plus l’impression de pouvoir vraiment agir. C’est paradoxal.

Quelles sont vos lectures pendant cette période ?

Je relis Aragon, Michaux, Rilke… beaucoup de poésie.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur « home not alone » ?

Il s’agit du nom que j’ai donné à mon projet de partage artistique au tout début du confinement. Mettre un nom sur cet élan était important pour moi, ça le rend plus « réel » dans mon esprit. Cela comprend tout ce que je voudrais y mettre. Des collaborations sont nées de ce premier post par exemple, et j’ai hâte de les partager !

Qu’en est-il de la tournée prévue avec votre sœur Camille ? Des dates vont-elles être annulées ? Des dates de concert sont-elles prévues en Suisse romande ?

Comme pour tous les artistes, cette période est très compliquée car elle signifie l’annulation de beaucoup de projets, ou leur report. Financièrement, c’est un coup dur pour énormément d’indépendants et d’artistes en général. Mais on sait évidemment que la santé est primordiale et nous essayons d’aider un tout petit peu en partageant davantage sur Internet.  

Notre tournée aura lieu cette année, et on a tellement hâte ! Elle s’intitule « Nos 4 Saisons » comme l’album car ils sont liés. Les dates qui touchent à la période de confinement sont reportées, et nous recevons les infos au fur et à mesure, que l’on communique au public dès qu’on peut le faire !

Nous reviendrons en Suisse pour cette tournée bien sûr. Le public suisse est très important pour nous. Une grande partie de notre famille vit en Suisse et on s’y sent à la maison. Il y aura aussi, en plus des dates françaises, des dates au Luxembourg et, plus généralement, en Europe. On a tellement hâte ! On profite du confinement pour peaufiner nos idées pour le show.

Quels sont vos projets actuellement ?

Ils sont nombreux !!! Notre album vient de sortir en version anglaise au Royaume-Uni le 3 avril sur toutes les plateformes et la sortie physique aura lieu à la fin du confinement. Nous jouerons pour la première fois en concert en Angleterre cette année, au Royal Albert Hall (on attend la nouvelle date). La tournée arrive très bientôt et on réfléchit déjà aux albums suivants.

Nous aimerions aussi travailler davantage dans le domaine du cinéma, c’est un rêve de toujours.

Nous avons également enregistré, juste avant le confinement, sur le prochain album de Grand Corps Malade. On vient aussi de terminer la direction artistique et les enregistrements à Paris et Londres (juste avant le confinement aussi) du prochain spectacle des Orgues de Feu du Puy-du-Fou. Il y a également pas mal de projets encore confidentiels, mais j’annonce tout au fur et à mesure sur les réseaux sociaux.

Un dernier mot ?

Si j’ai l’occasion de le faire, j’aimerais simplement remercier du fond du cœur tout le personnel soignant ainsi que ceux que l’on ne voit pas mais qui travaillent très dur en ce moment. Ils sont nos héros, et nous devons être à la hauteur et respecter avec calme les mesures mises en place. Il s’agit de vies humaines à sauver ! J’espère aussi que nous saurons apprendre quelque chose de cette période et que nous ne reviendrons pas à nos mauvaises habitudes de consommation et d’individualisme dès que le confinement sera levé. On voit aujourd’hui, l’importance et le pouvoir de l’entraide, les bienfaits sur l’écologie d’un ralentissement de la consommation de masse, c’est si important ! Mais l’humain oublie vite, alors il s’agira d’être très vigilant ◾️

Pour retrouver Julie Berthollet sur les réseaux :
https://www.instagram.com/julieberthollet/
https://www.facebook.com/profile.php?id=100005471088824

Vous les connaissez toutes les deux, sœurs franco-suisses, jeunes prodiges de la musique classique : Julie et Camille Berthollet !

Ces surdouées de la musique classique, maintes fois récompensées, charment leur public à travers le monde grâce à des interprétations enlevées et un talent certain pour bousculer les codes. Elles viennent tout juste de publier leur cinquième album, « Nos 4 saisons ». Si la tournée destinée à présenter ce nouvel opus est reportée, elles se révèlent, aujourd’hui encore, inventives et généreuses. Julie, confinée à Vevey chez son compagnon, l’écrivain Quentin Mouron, se montre très présente sur les réseaux sociaux : mini-concerts, chats avec son public, partage de recettes… Une jeune femme résolument optimiste et inspirante.

ELLE Suisse. Comment vivez-vous cette période de confinement ?

Julie Berthollet. L’annonce du confinement m’a d’abord fait paniquer car j’étais en Suisse alors que toute ma famille est à des endroits différents. J’ai choisi de rester chez mon copain à Vevey. Étant de nature assez angoissée, j’ai très vite décidé de faire de ce confinement la meilleure chose possible pour moi : un moment de création et de partage avec le public. J’ai imprimé du papier à musique, trouvé un crayon de papier et me suis remise à la composition. À l’écriture aussi. J’ai commencé une pièce encore secrète et en chantier, mais elle sera une collaboration avec d’autres artistes.

Avez-vous le sentiment de communiquer davantage avec votre public pendant ce confinement ?

Sans hésitation : oui ! Je réponds à des messages tout le temps, je poste des stories toute la journée et je partage beaucoup plus qu’avant. J’ai plus de temps, c’est l’avantage ! J’espère conserver cela après.

Je suis certaine que votre public aussi ! Comment avez-vous pensé à faire des live réguliers sur les réseaux sociaux, en particulier sur votre compte Instagram ? 

J’en faisais déjà avant le confinement mais ça n’était pas une habitude. Maintenant, la scène me manque, les autres musiciens aussi et j’avais envie d’apporter un peu de musique chez ceux qui sont confinés. L’expérience est ultra différente de la scène et me plait. J’interagis beaucoup plus avec les gens qui commentent en direct, ou je les fais même participer à certains live. Je n’ai personne pour m’accompagner. Il me faut donc trouver d’autres solutions : je joue sur d’anciens enregistrements, on s’envoie des sons entres musiciens et on mixe à notre sauce sur nos petits ordinateurs ou ce qu’on a sous la main comme matériel. J’ai remarqué que les musiciens s’entraidaient énormément. J’ai demandé pas mal de conseils à des ingénieurs son pour utiliser des logiciels de montage ou mixage avec lesquels je ne suis pas du tout familière et j’ai reçu une grande quantité de conseils très utiles. 

Quel rythme avez-vous adopté pour vos interprétations en direct ?

Je ne me suis pas imposée de régularité à respecter, j’en fais le plus possible, dès que j’ai quelque chose de nouveau à jouer ou à dire. J’apprécie la liberté de l’outil qu’est Instagram. J’essaie surtout de varier le contenu que je partage : composition, mon quotidien, des vidéos, des recettes, des petits tutos, des poèmes… la diversité me plait et me motive. J’essaie au maximum de proposer le contenu que j’aimerais voir.

Quels sont les morceaux que vous avez interprétés ou que vous projetez de jouer ?

J’ai interprété des classiques comme Schubert, ou Vivaldi, mais aussi du jazz (Django), mes chansons, des reprises… Je vais peut-être tenter une session d’improvisation en live prochainement.

Allez-vous essayer de jouer en même temps que Camille comme le font pas mal d’orchestres dans différents pays ?

On passe nos journées à tester toutes les applications que l’on peut trouver pour jouer ensemble, et tout n’est pas concluant, mais cela pousse à être créatif !

Avez-vous prévu des live avec des chanteurs ?

Les projets que j’ai actuellement avec des chanteurs ne sont pas exactement des live, mais pourquoi pas ? Je ne m’impose aucune limite artistique pendant ce confinement. Et cela fait du bien ! J’avais parfois l’impression de passer beaucoup trop de temps à faire des choses administratives ou organisationnelles auparavant, et perdre trop de temps que j’aurais aimé passer à composer ou travailler mon instrument. J’ai toujours une quantité astronomique de mails auxquels je dois répondre ces jours-ci mais c’est différent, et je ne sais pas trop pourquoi, plus simple à gérer. J’ai plus l’impression de pouvoir vraiment agir. C’est paradoxal.

Quelles sont vos lectures pendant cette période ?

Je relis Aragon, Michaux, Rilke… beaucoup de poésie.

Pourriez-vous nous en dire un peu plus sur « home not alone » ?

Il s’agit du nom que j’ai donné à mon projet de partage artistique au tout début du confinement. Mettre un nom sur cet élan était important pour moi, ça le rend plus « réel » dans mon esprit. Cela comprend tout ce que je voudrais y mettre. Des collaborations sont nées de ce premier post par exemple, et j’ai hâte de les partager !

Qu’en est-il de la tournée prévue avec votre sœur Camille ? Des dates vont-elles être annulées ? Des dates de concert sont-elles prévues en Suisse romande ?

Comme pour tous les artistes, cette période est très compliquée car elle signifie l’annulation de beaucoup de projets, ou leur report. Financièrement, c’est un coup dur pour énormément d’indépendants et d’artistes en général. Mais on sait évidemment que la santé est primordiale et nous essayons d’aider un tout petit peu en partageant davantage sur Internet.  

Notre tournée aura lieu cette année, et on a tellement hâte ! Elle s’intitule « Nos 4 Saisons » comme l’album car ils sont liés. Les dates qui touchent à la période de confinement sont reportées, et nous recevons les infos au fur et à mesure, que l’on communique au public dès qu’on peut le faire !

Nous reviendrons en Suisse pour cette tournée bien sûr. Le public suisse est très important pour nous. Une grande partie de notre famille vit en Suisse et on s’y sent à la maison. Il y aura aussi, en plus des dates françaises, des dates au Luxembourg et, plus généralement, en Europe. On a tellement hâte ! On profite du confinement pour peaufiner nos idées pour le show.

Quels sont vos projets actuellement ?

Ils sont nombreux !!! Notre album vient de sortir en version anglaise au Royaume-Uni le 3 avril sur toutes les plateformes et la sortie physique aura lieu à la fin du confinement. Nous jouerons pour la première fois en concert en Angleterre cette année, au Royal Albert Hall (on attend la nouvelle date). La tournée arrive très bientôt et on réfléchit déjà aux albums suivants.

Nous aimerions aussi travailler davantage dans le domaine du cinéma, c’est un rêve de toujours.

Nous avons également enregistré, juste avant le confinement, sur le prochain album de Grand Corps Malade. On vient aussi de terminer la direction artistique et les enregistrements à Paris et Londres (juste avant le confinement aussi) du prochain spectacle des Orgues de Feu du Puy-du-Fou. Il y a également pas mal de projets encore confidentiels, mais j’annonce tout au fur et à mesure sur les réseaux sociaux.

Un dernier mot ?

Si j’ai l’occasion de le faire, j’aimerais simplement remercier du fond du cœur tout le personnel soignant ainsi que ceux que l’on ne voit pas mais qui travaillent très dur en ce moment. Ils sont nos héros, et nous devons être à la hauteur et respecter avec calme les mesures mises en place. Il s’agit de vies humaines à sauver ! J’espère aussi que nous saurons apprendre quelque chose de cette période et que nous ne reviendrons pas à nos mauvaises habitudes de consommation et d’individualisme dès que le confinement sera levé. On voit aujourd’hui, l’importance et le pouvoir de l’entraide, les bienfaits sur l’écologie d’un ralentissement de la consommation de masse, c’est si important ! Mais l’humain oublie vite, alors il s’agira d’être très vigilant ◾️

Pour retrouver Julie Berthollet sur les réseaux :
https://www.instagram.com/julieberthollet/
https://www.facebook.com/profile.php?id=100005471088824